Pour accompagner les photos du chauffe-épaules, voici la participation de mon ami Pascal au Café Thé n° 36 - La tendre merveille des ses mains...
En fait il parlait des miennes, en train de tricoter :
C'était une froide soirée d'automne.
Nous avions trouvé refuge sur le canapé, assis côte à côte.
Mon amie semblait passionnée par une série télévisée.
D'un geste lent elle saisit son tricot qui attendait contre l'accoudoir,
l'inspecta attentivement quelques secondes, puis, visiblement satisfaite
enfila deux longues aiguilles au travers des mailles.
Soudain ses mains furent prises d'une agitation frénétique,
ses doigts poussaient, tiraient nerveusement la laine en tous sens.
L'index droit était le plus farfelu de tous, contournant nerveusement
les aiguilles par l'arrière et repartant de plus belle en avant.
La main gauche jouait à faire cliqueter son arme contre l'autre dans un duel incessant.
J'étais fasciné par le contraste entre la terrible mêlée qui se jouait
sur ses genoux et le calme de son visage, le regard rivé à l'écran.
Parfois elle saisissait une troisième aiguille, transperçait l'ouvrage, et durant
quelques secondes se tordait les mains pour manoeuvrer les trois à la fois.
Observant attentivement, il me sembla découvrir que l'un des doigts allait quatre fois
dans un sens puis faisait un retour en arrière. Ne voulant pas rester sur
une incertitude ni poser de question saugrenue je décidais que le pullover
serait superbe avec quatre mailles à l'endroit et une maille à l'envers.
J'eus beau me creuser la tête, il me fut impossible de trouver la moindre
explication au rôle joué par la troisième aiguille.
Le film terminé, elle approcha le tricot de son visage, l'examina avec soin,
et un léger sourire dessiné sur les lèvres, elle le reposa sur l'accoudoir.
je compris qu'elle avait obtenu le résultat attendu et en déduisis que cet
imbroglio de doigts s'avérait être une mécanique bien huilée.
Je n'avais rien vu du film, mais le spectacle auquel je venais d'assister
m'avait autant captivé que le plus haletant des thrillers.