Mardi 12 octobre, il faisait beau pour manifester. A Bordeaux le défilé partait de la place de la Victoire, lieu habituel de rassemblement des étudiants.
Cela m'a ramenée 37 ans en arrière : octobre 1973, première rentrée à la fac. Je passais plusieurs fois par jour sur cette place. A l'époque je n'avais qu'une idée : faire des études pour obtenir un job intéressant...
J'ai suivi des études universitaires, obtenu des diplômes, trouvé un travail intéressant dans une entreprise à laquelle j'étais très fière d'appartenir.
30 ans plus tard, je ne dis plus où je travaille (sauf sous la torture), mon travail a perdu de son intérêt, je n'ai plus aucune perspective de carrière, et ne me sens plus que pressée et stressée, un simple pion qui doit produire plus...
D'un point de vue physique mon travail n'est pas pénible. D'un point de vue psychique c'est différent. J'arrive souvent au boulot, la boule au ventre, angoissée, stressée, après des insomnies. Pas un moment de répit pour souffler, réflêchir, se poser...
J'essaie de diffuser une culture du "dire ce qui va bien", mais ne suis pas souvent écoutée. Car la réussite entraîne la réussite, et en période de crise lorsque l'on ne peut distribuer aucune augmentation, la seule façon pour moi de motiver ses collaborateurs c'est au moins de les considérer, les encourager et les aider à évoluer et s'épanouir.
J'aurais bien aimée être traitée comme cela par mes supérieurs : ce n'est pas le cas et -pire- c'est de moins en moins le cas !
Dans ces conditions comment avoir envie de travailler jusqu'à 62 ans ?
L'espérance de vie augmente, mais pas celle de rester en bonne santé !
Pour en revenir à la manifestation, l'amabiance était bon enfant. Salariés, retraités, étudiants, familles, piétons et cyclistes, tous se cotoyaient.
Voici quelques photos.
Les deux premières ont été prises Place de la Victoire. Quelques musiciens mettaient de l'ambiance avec ciolon, accordéon, biniou, guitare. Une affichette : "Non, on ne fera pas valser les retraites" était scotchée sur le sac à dos de la dame.
Je trouve cette photo un peu surréaliste. Un homme en noir, sur le toit de la Bourse du travail, mitraillait la foule qui défilait (avec son appareil photo !)