Pour ce 38ème Café Thé, je vous ai proposé de broder autour d'un de mes poèmes préférés, le "Rêve familier" de Paul Verlaine.
Les consignes : Ecrivez, rimez, dessinez, brodez, scrappez, chantez, voyagez, délirez, faites ce que vous voulez...
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Vous êtes 5 à avoir participé et 39 à avoir voté.
Vos votes ont désigné comme gagnante Mamazerty du blog "Expression créative" avec 13 voix, suivie d'Annie (10 voix), Pascal (7 voix), Jill Bill (6 voix) et Aude (2voix).
Bravo à Mamazerty et à tous les autres particpants et merci à ceux qui ont voté...
1ère) Mamazerty du blog "Expression créative" :
Verlaine face à la féminine réalité
il est de ceux que j'aime
votre poême
cher ami Verlaine
mais comme j'aimerais ici
vous sortir de votre saturniennerêverie!
vous nous mettez sur un pied d'estale
et ainsi nous hissez au rang de vestale
combien d e malentendus
et d e rêves malmenés
auraient pu nous être ainsi évités
si des poêtes tourmentés
ne nous avaient pas rêvées!!!
car enfin cher Paul qui nous idéalisez
ne dénigrez vous pas ainsi notre personnalité?
une femme onirique n'a pas de corporéité
(comme dirait mon ado, la meuf onirique,
Paulo,c'est jamais celle qu'on nique!)
on n'attend d'elle pour toute qualité
qu'être à l'écoute de son guerrier
prévenir s es demandes
faire de sa vie une offrande
c'est à la fois trop peu et bien trop lui demander
pour avoir en retour....quoi?
dites le moi....
trois fois rien, pas de vice versa
juste, pour vous ,être là...
est ce ainsi que vous nous voyez?
est ce la vie que vous nous souhaitez?
rendez nous je vous prie ,Verlaine
notre juste condition humaine
aimez nos défauts et nos humeurs
aimez nous dans notre chair autant que dans notre coeur.
2ème) Annie du blog "Imaginons ensemble" :
4ème) Jill Bill du blog "Melting-pot" :
Nocturnes
Rêve récurrent, une habitude
Celui de l'âme soeur, une Sissi
A chaque lune
Que Dieu me donne à vivre
Princesse de livre
Ma bonne fortune
Attendue telle le messie
Au lit de ma solitude...
Mon esprit la peint
Similaire et différente
Blonde, brune, rousse
Mais belle comme un printemps
Charmant, si charmant
Sa jolie frimousse
Me hante
Toutes les nocturnes... mais au matin
Son prénom j'ai oublié
Qu'importe je l'aimerai aussitôt
Quel qu'il soit
Comme son regard de miel,
J'imagine sa voix pareille
Douce ma foi
Comme celle d'une mère au berceau
Berçant le nouveau-né...
3ème) Pascal :
Rêve de rêve
Il fut un temps où il arrivait parfois que mes nuits soient troublées par un rêve étrange.
La scène se déroulait toujours dans le même lieu, un jardin public verdoyant imprégné de mélancolie. Le crépuscule avait depuis longtemps chassé la lumière blafarde d'un soleil timide. Un épais brouillard occultait l'environnement au-delà de quelques grands tilleuls cernant le banc sur lequel j'étais installé. Un froid hivernal me faisait frissonner sous le fin manteau en velours de laine, jeté sur mes épaules. Je patientais souvent plusieurs heures, finissant par grelotter, isolé du monde, les mains bleuies posées sur les genoux.
Lorsqu'enfin elle apparaissait, sa silhouette émergeait lentement du brouillard, les contours de son joli corps se précisaient tandis qu'elle avançait d'un pas hésitant dans ma direction.
Souvent elle s'immobilisait brusquement, tout juste visible, et me regardait pendant d'interminables minutes de ses beaux yeux baignés d'eau salée.
Sans mot dire elle repartait aussitôt, happée par la brume qui me la volait aussi prestement qu'elle me l'avait offerte.
Il arrivait qu'elle se rapprochât de moi, toujours muette, belle comme une princesse, dans sa robe bleue mouchetée de petites perles scintillantes.
Je rêve d'une nuit où ma douce princesse reviendra me visiter. Mais cette fois, en repartant, elle me prendra par la main, mechuchotant un petit "Viens", et m'entraînera avec elle de l'autre côté du brouillard. Nos deux mains étreintes, elle me conduira à travers dunes et plages dans une longue promenade à la découverte de son merveilleux univers...
5ème) Aude du blog "Créaterres" :
Parfois, au cours de ma journée, je soupirais en regardant la pendule. Non, le temps ne passait pas assez vite ! Pourtant ma vie me convenait, j'accomplissais mes tâches quotidiennes, je faisais mille et une choses, assistais à des cours passionnants, je visitais des expositions et voyais des gens sympathiques. Et au bout de l'an je trouvais que les trois cents soixante cinq jours avaient passé trop vite. Pourquoi étais-je si pressée de voir le soir arriver ? Parce qu'enfin je pouvais me coucher, m'endormir et... retrouver mes rêves ouatés. Depuis de nombreuses années je rêvais que même lorsque je formulais mal ce que je pensais ou voulais expliquer, une personne, toujours la même, me comprenait, me reprenait gentiment quand je disais un mot en en pensant un autre. Je n'ai jamais pu mettre une image précise sur cette présence. Un père, un ami, un amant, un mari, je ne sais. C'est un homme, je le sens, c'est tout. Protecteur et patient. Oui, dans mes rêves pas de malentendus. Alors que dans la vraie vie, quelle gaffeuse, quelle bafouilleuse, quelle frustrée de la parole ! La nuit, je revivais mes journées, mais j'osais discuter et mon mentor me soufflait les réparties que dans la journée je ne trouvais jamais. Vous ne pouvez imaginer la volupté qu'il y a à prononcer les mots quand toute votre existence ils vous ont manqué. Pourtant, un jour, j'ai compris que je n'avais plus besoin de dormir autant. J'avais découvert l'immensité de la toile d'internet. Là, tranquillement les mots pouvaient attendre d'être couchés sur l'écran, comme ils couchaient dans mes draps auparavant. Lentement je pouvais discuter avec des gens d'opinion différente sans qu'ils me coupent la parole ou s'en aillent en claquant la porte. Là, je pouvais revenir le lendemain ou trois jours plus tard poursuivre la conversation quand les idées proposées par les interlocuteurs avaient mûri en moi. Internet, un moyen d'expression moins égocentrique et clos que la publication d'un livre, pas aussi passionnel que la conversation orale entre gens d'avis divergents.