
Sa première épicerie se trouvait dans une petite rue, en haut du village.
Quand on entrait il y avait sur la droite des étagères avec des livres et des bandes dessinées. Sur le côté une sorte de grand entonnoir où elle moulait le café. Les clients achetaient à cette époque un sachet de café moulu sous leurs yeux, ou du café en grain qu'ils moulaient à la maison avec leur moulin à café...
L'odeur prenait aux narines, je m'en souviens encore.
En quarante ans le conditionnement du café a évolué : paquets de café en grains puis paquets de café moulu et maintenant il se vend en dosettes toutes prêtes...

Les bonbons étaient enfermés dans des grands bocaux, et beaucoup d'aliments étaient conservés dans de gros tonneaux et sacs en papier. Ma tante puisait dedans avec une grande louche et versait les pâtes ou les paillettes de savon dans des poches en papier, soigneusement pesées ensuite sur une grande balance...

Quand on entrait dans cette épicerie, nos sens étaient sollicités : tintement de la clochette d'entrée, sourire de ma tante, odeurs du café et du savon... Quand elle n'avait pas de client Yvonne tricotait ou crochetait en silence...
J'aimais aller chez elle. Elle avait toujours un bonbon à offrir et même parfois des bandes dessinées : Astérix ou Lucky Luke... Ses baisers sentaient bons et elle avait toujours un mot gentil...
Plus tard elle a transféré son épicerie dans un bâtiment plus moderne, en bas du village sur la place du foirail. Elle s'est modernisée, a embauché du personnel, mais ce n'était plus la même ambiance...