J'avais beaucoup aimé "En attendant Bojangles", premier roman d'Olivier Bourdeaut, ce qui m'a donné envie de lire son second roman malgré une couverture qui ne me parlait pas et un titre (Pactum salis : le pacte du sel) qui me parlait encore moins...
Informations pratiques :
Roman d'Olivier Bourdeaut, paru aux Editions "Finitude", en janvier 2018. 219 pages. 18,50 €.
La 4ème de couverture :
Très improbable, cette amitié entre un paludier misanthrope, ex-Parisien installé près de Guérande, et un agent immobilier ambitieux, prêt à tout pour « réussir ». Le premier mène une vie quasi monacale, déconnecté avec bonheur de toute technologie, tandis que le second gare avec fierté sa Porsche devant les boîtes de nuit.
Liés à la fois par une promesse absurde et par une fascination réciproque, ils vont passer une semaine à tenter de s‘apprivoiser, au cœur des marais salants.
Mon ressenti :
Jean est devenu paludier près de Guérande avoir regardé un reportage sur France 3. Il est solitaire et travailleur. Son chemin va croiser <, par hasard, celui de Michel, agent immobilier parvenu, en vacances à La Baule, en Porsche.
Ils vont se heurter, s'excuser, se heurter encore et même se battre.
J'ai aimé les descriptions des marais salants, découvert des termes que je ne connaissais pas, propres au métier de paludier.
Les personnages déjantés, et alcooliques m'ont amusée. Ils m'ont rappelé "L'emmerdeur" avec Jacques Brel et Lino Ventura, et les films de Francis Veber : "La chèvre", "Les compères"...
J'ai trouvé la fin très réussie.
Ce roman ferait un bon film...
Quelques extraits :
- Il entretenait avec l'alcool un rapport particulier. Il n'en aimait pas vraiment le goût et n'en supportait pas la consommation experte et parcimonieuse. Pour lui, le premier verre, c'était comme s'élancer dans un couloir interminable le long duquel les portes donnaient sur une fête foraine, une corrida pour l'effroi, le grand huit pour le vertige, la maison hantée pour se faire peur, un saut en parachute, un circuit de F1, un combat de boxe et souvent un final dégradant dans le tambour d'une machine à laver.
- Il conduisit comme un fou, elle hurla comme une folle. Il la déposa au pied de son immeuble, elle l'insulta. Il éclata de rire en démarrant en trombe. Sa soirée pouvait enfin commencer.
- Le soleil de septembre demeure en tenue d'été, la plus simple. Dans le ciel un nuage esseulé lui tient lieu de maillot. L'herbe devenue blonde, puis brûlée, craque avant de finir en poussière sous le pied. On croise sur les petits chemins des camions de pompiers, aux aguets. Les couleurs de l'automne naissent dans des tons assourdis, jaune lichen, marron rouillé, comme si elles avaient connu, plutôt qu'un incendie, son souffle chaud, sous lequel des fougères achèvent de caraméliser.
Près de la terrasse, à l'abri de sa coiffure échevelée, striée de mèches rousses, le platane enfile sa tenue camouflée - vert olive entremêlé d'amande, en taches, en flaques sur le tronc, là où est tombée l'écorce racornie par la sécheresse.