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En 2018, j'avais bien apprécié "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon, alors j'ai emprunté, dès qu'il a été disponible, son nouveau roman : "L'enragé".

Informations pratiques : paru en juin 2023 aux éditions Grasset. 404 pages. 22,50 €.

Nominé pour le Prix Renaudot 2023, ce roman a reçu le Prix littéraire Patrimoines Louvre Banque Privée 2023.

La 4ème de couverture :

« Je n’ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c’est un océan, tu t’y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes. S’évader les yeux ouverts et marcher victorieux dans le sang des autres, mon tapis rouge. Toujours préférer le loup à l’agneau. »
Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s’échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Voici ouverte la chasse aux enfants. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manque à l’appel. Voici son histoire…

Mon ressenti :

Ce roman se déroule de 1932 à 1942, à Belle-île en Mer.

L'auteur s'est inspiré d'un sombre fait divers, pour nous raconter la destinée tragique d'un jeune bagnard, Jules Bonneau, abandonné par ses parents, puis ses grands-parents, enfermé dès l'âge de douze ans,  à Haute-Boulogne sur Belle-île. Dans cette "colonie" maritime et agricole pénitentiaire pour mineurs délinquants, des enfants et des adolescents sont enfermés et subissent des privations et des sévices extrêmes. Ils sont violés, frappés, rabaissés au quotidien. Jules y fera sa place pour éviter les pires ignominies et deviendra La Teigne. Les garçons sont employés dans des travaux maritimes ou agricoles et c'est la colonie qui touche leurs salaires.

Haute-Boulogne, fortification élevée en 1802, au Palais, ne sera fermée qu'en 1977.

Le soir du 27 août 1934, après le tabassage d'un petit, Camille Loiseau, pour une broutille,  dans un déchaînement de violence, cinquante-six gamins se sont révoltés et se sont échappés de ce bagne. Mais c'est une île et les fuyards sont cernés par la mer, pourchassés par les "braves gens", iliens et touristes, à qui les gendarmes offrent une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Réfugiés dans les villages, sur les plages, dans les grottes, tous ont été capturés, sauf un : Jules.

Jules tente de voler un bateau à Sauzon mais se fait surprendre par le patron pêcheur, Ronan Kadarn, qui va le prendre sous son aile et le protéger, aidé par sa femme, Sophie, infirmière à Haute-Boulogne et "faiseuse d'ange" chez elle. Enrôlé comme mousse et hébergé chez eux, il va apprendre à faire confiance tout en préservant sa liberté avec rage. Il croisera les amis de Ronan : Alain, le communiste, Pantxo, le basque, mais aussi ses ennemis comme Francis, le frère de Sophie, membre des Croix-de-Feu (association d'anciens combattants français de la Grande Guerre qui s'est transformée ensuite en organisation politique nationaliste, voire fasciste).

La violence en lui est toujours présente. 

Les personnages, quasiment tous masculins, sont bien brossés. Les séquences de pêche à la sardine sont vivantes. Le contexte historique dans lequel se déroule l'action du roman, entre les deux guerres avec la guerre civile espagnole, le communisme, la montée du fascisme, est bien décrit.

Sorj Chalandon a un vrai talent de conteur.

Son livre est très dur et le héros est habité par un désir de vengeance.

J'ai mis 4,5 sur 5, sur Babelio (note moyenne sur 1 467 notes : 4,5/5).

D'autres avis : ceux de Matatoune et Pat pour qui c'est un coup de coeur.

Tag(s) : #chalandon, #ile, #jules, #ronan, #sorj
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