J'avais lu de bonnes critiques sur ce livre, et je l'ai acheté en librairie lors de ma balade à Périgueux.

Informations pratiques : paru en août 2019 aux éditions "Albin Michel". 251 pages. 18,90 €
L'auteur : c'est le premier roman de Victoria Mas, récompensé par le Prix Stanislas, le Prix Patrimoines, le Prix Première plume et le prix Renaudot des lycéens.
La 4ème de couverture :
Chaque année, à la mi-carême, se tient, à la Salpêtrière, le très mondain Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires.Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal "costumé et dansant" n'est rien d'autre qu'une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l'exposition des fous.
Dans ce livre terrible, puissant, écrit au scalpel, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d'une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au service du célèbre neurologue ; Louise, une jeune fille "abusée" par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand coeur qui a eu le tort de jeter son souteneur dans la Seine ; Eugénie Cléry enfin qui, parce qu'elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu'il faut bien appeler une prison.
Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXe siècle a essayé de contraindre au silence.
Mon ressenti :
Ce roman se déroule en 1885, à Paris.
Geneviève est intendante à la Salpétrière, rigide, intimidante, ni injuste ni malveillante, "simplement, elle n'inspire pas d'affection". Totalement dévouée à l'hôpital et au professeur Charcot qui dirige le service des aliénées elle fait le lien entre le personnel médical et les malades, sans aucune pitié pour celles-ci. Geneviève a perdu sa soeur adorée, Blandine.
Louise est jeune et naïve, enthousiaste, attirée par un interne qui lui tourne autour.
Thérèse est une ancienne. Elle tricote des châles (tiens, comme moi), console les autres malades, ne veut pas quitter l'asile.
Eugénie Cléry vit dans une famille aisée, avec un père intransigeant, un frère soumis, une grand-mère qui l'écoute. Eugénie a un don, converse avec les morts, et se retrouve internée par son père, à la Salpétrière, parce qu'elle pourrait salir son nom. Eugénie est internée quelques semaines avant "Le bal des folles", événement annuel qui attire le Tout-Paris, préparé longtemps à l'avance par les pensionnaires heureuses d'être vues, certaines étant aliénées et d'autres non..
J'ai apprécié les personnages de ce roman, notamment Geneviève et Eugénie.
Le sort des femmes, à la merci de leur père, leur frère ou leur mari, il y a à peine 150 ans, m'a révoltée : de quoi être internée à cette époque-là.
C'est bien écrit et captivant, avec une fin très réussie : une belle découverte et un coup de coeur pour moi.
Le sujet des internés en asile à tort avait été traité aussi avec brio par Anna Hope dans "La salle de bal", roman se passant en 1911, en Grande-Bretagne, avec un bal hebdomadaire pour distraire les malades.
Un extrait :
- Mais la folie des hommes n'est pas comparable à celle des femmes : les hommes l'exercent sur les autres ; les femmes sur elles-mêmes.
La critique de mon aminaute, Manou :