Dominique Duhoux, dit "Neneuil" était sans domicile fixe depuis 25 ans. Hospitalisé en novembre pour un cancer de la gorge, il est décédé le 16 janvier 2021, à 58 ans.
Il vivait depuis 20 ans contre le flanc du Palais des sports à Bordeaux, s'étant installé chambre et cuisine. Depuis 2015, il avait monté un salon de lecture en plein air sous la rampe du parking Victor Hugo. C'était un troc de livre.
Il disait : "Des livres plein les étagères. On peut en prendre gratuitement ou en laisser, c’est au choix, s’installer pour feuilleter romans ou essais, glisser (ou pas) une pièce dans la modeste coupelle qui traîne là. Mais ça a commencé tout riquiqui, il y a deux ans : quatre bouquins, récupérés sur un pas-de-porte. J’en avais lu trois, et le quatrième, on me l’a fauché avant que j’aie pu le finir. Pas grave, j’aime ça, la lecture. La musique aussi. Et je veux partager ».
Il assurait n’avoir besoin de rien, ni RSA ni CMU, pas trop la manche, juste du respect. Étagères et fauteuils lui avaient été donnés, il en chassait les pigeons à coups de balai véhéments. Il laissait libres les issues de secours du Palais des sports, était respecté dans le quartier, recevait fréquemment des cartes postales qu'il conservait précieusement dans un album,
Il entretenait de bonnes relations avec le quartier et le voisinage et était respecté en retour. Si certaines plaintes des voisins dénonçaient souvent les nuisances et le mauvais environnement (le parking Victor-Hugo étant « l’endroit parfait pour se piquer »), la bibliothèque était appréciée et considérée comme un rempart à la drogue.
En 2018, des agents de nettoyage de la ville avaient détruit sa bibliothèque, jetant meubles et livres. Les Editions N’a qu’1 œil, la libraire-disque Micita l'ont alors soutenu, ainsi que de nombreuses autres associations, des voisins, des particuliers et il avait pu reconstituer sa bibliothèque libre...
Je ne connaissais pas l'existence de cette "librairie libre" ni de cet amateur de livres atypique et je le regrette. Cette information découverte dans le journal Sud-Ouest m'a attristée.
Quel dommage que la mairie de Bordeaux n'ait pas valorisé son concept et l'ait plus soutenu de son vivant !
Sources : Sud-Ouest, 20 minutes, Rue89 Bordeaux