Pour ce 164ème Café Thé,
je vous ai proposé de nous raconter dans quelles circonstances vous avez reçu,
offert ou échangé, un sourire qui vous a marqué(e) et
et ce que ce sourire vous a apporté
ou bien de nous brosser le portrait d'une personne très souriante.
Je vous ai montré hier les 7 participations reçues (Jill Bill, Jossy, Pascale, Rose,
Colette, Livia, Marine).
J'avais déjà proposé ce thème en juin 2016, pour le 74ème Café Thé (Les bienfaits du sourire) et j'y avais participé avec ce texte.
Je devais avoir dix ans et demi. C'était l'été et nous passions les vacances, en famille, dans notre caravane au bord du Bassin d'Arcachon.
A cette époque il n’y avait pas de téléphone portable et il fallait aller à la Poste pour avoir des nouvelles des proches. Ma grand-mère maternelle était malade et hospitalisée en Charentes.
Nous avions été la voir quelques jours auparavant et je lui avais dit que je passais en 5ème. Elle avait souri, ce qui était rare chez elle, et m’avait félicitée
En revenant de la Poste mes parents semblaient inquiets. "On part à Châteauneuf" nous ont-ils dits.
Nous sommes montés dans la 404 blanche, mon frère, ma sœur et moi, sans broncher. J’étais inquiète pour ma grand-mère, d’autant plus que mes parents ne voulaient rien dire…
Papa s’est arrêté dans une station-service pour faire le plein.
Un bus était garé à côté de nous, en sens inverse, avec des enfants qui devaient partir en colonie de vacances.
J’ai regardé une fillette de mon âge. Elle m’a regardée aussi. Nous avons échangé un sourire, un vrai, celui qui illumine tout le visage, qui donne chaud dans tout le corps, qui donne des forces, du courage.
Le bus est parti vers le sud et nous avons continué vers le nord.
Quand nous sommes arrivés à Châteauneuf, nous avons appris que ma grand-mère, petite femme courageuse qui avait eu 8 enfants, venait de décéder.
C’était la première personne de la famille que je perdais. Elle devait avoir une soixantaine d’années et je ne l’ai connue qu’en noir, en train de travailler.
Le sourire de l’inconnue ne m’avait pas protégée du malheur mais galvanisée.
J’ai pleuré parce que maman et ses sœurs pleuraient, mais au fond de moi je me sentais forte…
Je n'ai jamais oublié ce sourire d'une inconnue.
Un joli sourire, en haut de la Tour Pey-Berland, celui de la statue dorée de Notre-Dame d'Aquitaine qui veille sur Bordeaux.