Quand j'étais enfant j'aimais bien lire les journaux de Mickey et les aventures de Picsou. Ce sont Donald et ses neveux, Riri, Fifi et Loulou que je préférais et je rêvais de me procurer le Manuel des Castors Juniors. Et je souhaitais aussi faire des Bonnes Actions comme eux.
Un centre de vaccinations a ouvert dans ma ville, le 4 mars. En tant que correspondante locale de presse du journal Sud-Ouest, j'ai annoncé son ouverture et indiqué comment faire pour s'inscrire par téléphone ou sur le site doctolib, dès le 1er mars. Mais voilà, dès le lundi matin toutes les places étaient prises, le centre n'ayant reçu que 1 400 doses de vaccin Moderna, et le centre couvrant tout le Nord du Bassin d'Arcachon.
Parmi mes co-équipiers au tennis de table, l'un est âgé (86 ans) et n'a pas internet. Je lui ai proposé de réserver pour lui et son épouse des places dès qu'il y en aurait. Tous les jours j'ai consulté Doctolib et il n'y avait jamais de place. Et puis ce matin j'ai vu des créneaux disponibles à partir du 30 mars, de nouvelles doses ayant sans doute été reçues.
Alors j'ai inscrit Jean et son épouse, pour les 2 vaccins, à 28 jours d'intervalle.
Puis j'ai averti mes voisins (80 et 81 ans) qu'il y avait des places. Ils savent utiliser internet mais n'avaient pas réussi à s'inscrire, alors j'ai pris aussi les rendez-vous pour eux.
J'ai fait la même proposition à mon père (87 ans) et sa compagne, mais ils s'étaient inscrits pour être vaccinés à la pharmacie et n'ont pas voulu.
Quelques minutes plus tard, il n'y avait plus de place.
J'étais contente de mes 4 bonnes actions.
Un peu plus tard j'ai reçu une lettre adressée à mon nom mais avec pour seule adresse : "correspondante Sud-Ouest". C'était une lettre de remontrances, presqu'une lettre d'insulte, écrite par un couple d'octogénaires n'ayant pas internet, ayant lu mon article annonçant l'ouverture du centre et déversant leur colère sur moi car ils n'avaient pas réussi à obtenir de rendez-vous sur Arès. Leur Fille vivant dans les Landes avait réussi à leur trouver un rendez-vous à Lacanau, ce qui allait leur occasionner des frais, alors que leur retraite n'avait pas augmenté.
Ils avaient mis un numéro de portable mais quand j'ai essayé d'appeler, le numéro n'était pas attribué, et je n'ai pas trouvé leur numéro de fixe sur les pages blanches.
Je comprends leur colère car c'est très difficile d'obtenir un rendez-vous : il m'a fallu 11 jours pour parvenir à obtenir 4 places. Mais ce n'est pas moi qui organise la vaccination, produit les vaccins, gère les stocks...
Dans mon dernier article, sur les coulisses du centre de vaccination, j'avais bien prévenu : "La demande étant très forte et le stock de vaccins limité, il faut se montrer patient et ressayer."
Bilan final : cette lettre de colère a annulé les effets bénéfiques de mes bonnes actions.
