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Fenêtre à Espalion...

Près du vieux pont, à Espalion, je suis tombée en extase devant cette vieille fenêtre.

J'avais envie de m'approcher et regarder dans l'interstice, sans toucher, car elle semblait si vieille et si fragile...

 

Près du          Vieux Pont,

à Esp          alion,

J'ai aperçu     une fenêtre

Légèrement     entrouverte

Autrefois      persienne

Aux lamelles          anciennes.

Certaines       ont lâché.

Elle a été        rafistolée

 

 

Pour lui rendre hommage, la mettre en lumière, voici un joli poème en prose de Charles Baudelaire :

 

Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

Tag(s) : #fenetre, #moi, #regarde, #vie, #vieux
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