Lorsque j'ai reçu "La grand-mère de Jade" de Frédérique Deghelt en cadeau pour mon départ à la retraite, je ne connaissais ni le roman ni l'auteur. La couverture de couleur verdâtre n'était guère attirante.

Mais en commentaire, Josette du blog "La cachette à Josette" m'a dit qu'elle avait beaucoup aimé ce livre, ce qui m'a incitée à le mettre en bonne position sur ma pile de livres à lire...

Informations pratiques : 277 pages, collection "J'ai lu", paru en 2010. Ce livre a été récompensé par les prix Solidarité et Chronos 2010.

La 4ème de couverture :

"Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en a jamais rien su pendant toute notre vie commune."

Quand Jade, une jeune femme moderne, "enlève" sa grand-mère pour lui éviter la maison de retraite et fait habiter à Paris celle qui n'a jamais quitté la campagne, beaucoup de choses en sont bouleversées. A commencer par l'image que Jade avait de sa Mamoune, si bonne, si discrète ...

Une histoire d'amour entre deux femmes, deux générations, au dénouement troublant.

Mon ressenti : 

Mamoune à 80 ans vit seule dans une ferme savoyarde. Ses trois filles très occupées par leur vie professionnelle décident de la placer en maison de retraite après un malaise qui la laisse inanimée toute une nuit. Son fils qui vit en Polynésie prévient Jade, sa fille trentenaire et Parisienne.

Jade n'hésite pas à enlever sa grand-mère et la prendre chez elle dans son petit appartement.

Commence alors une cohabitation pleine de tendresse, de découvertes et d'amour.

Mamoune n'est pas seulement la grand-mère gâteaux, tendre et attentive qu'a connu sa petite-fille, mais une lectrice assidûe qui a caché sa passion pendant des années à toute sa famille.

Quant à Jade, pigiste pour plusieurs journaux, c'est aussi un écrivain dont le premier roman  a été refusé par quelques éditeurs.

J'ai adoré le personnage de Mamoune, une belle personne, gardienne d'enfants, cultivée, à l'écoute, toujours prête à donner de sa personne, jamais envieuse ou aigrie.

Les transferts de savoirs entre les deux générations, notamment la petite-fille qui apprend à la vieille dame à utiliser un ordinateur, internet et la messagerie, m'ont rappelé les échanges entre mon fils cadet et son grand-père paternel, du même style.

J'ai aimé les histoires d'amour, possibles et impossibles, les choix qui se présentent...

Le dénouement m'a effectivement troublée, car j'ai parfois ce type de regret en pensant à ma mère...

J'ai souri à certains passages et pleuré à d'autres.

Et j'ai parsemé de petits papillons de papiers les passages qui m'ont plu.

Quelques extraits : 

- "J'étais épanouie par tous ces enfants qui défilaient. Je les accompagnais pendant toutes ces années où les adultes ne semblaient pas toujours percevoir toute l'étendue de promesses qu'ils portaient en eux. Ainsi j'avais le sentiment d'être la gardienne d'un trésor".

- "Nos vies de parents, d'ancêtres et d'enfants se superposent dans l'ignorance que chacun entretient patiemment avec l'histoire des autres."

"Elle avait accompagné Mamoune jusqu'à son lit, lui avait massé doucement les pieds à l'huile d'amande douce. Elle l'avait aidée à enfiler sa chemise blanche en coton brodé. Chaque geste avait la lenteur de son âge. Et Jade, qui ne savait pas vivre autrement qu'en courant, s'était mise au pas de la tendresse".

- "A vivre au jour le jour dans les pensées de l'autre elles avaient appris à saisir ensemble ces petits bonheurs de l'existence pour en faire des bouquets".